Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans les veines de la pauvre enfant. Ses joues étaient ardentes d’une rougeur pourprée, et de ses yeux charmants des larmes, plus limpides que des perles, suspendues à leurs cils soyeux, tombaient de temps en temps sur le pur albâtre de son sein.

Le Roi parut vivement frappé de la beauté merveilleuse de cette angélique enfant. Il releva doucement la jeune fille, puis il fît un mouvement comme pour baiser sa main qu’il avait saisie ; mais, la laissant retomber, il arrêta seulement sur elle un regard humide de larmes, qui témoignait de l’émotion intérieure la plus profonde. Madame de Mainteuon chuchota à l’oreille de mademoiselle de Scudéry : « Mais elle ressemble, trait pour trait, à mademoiselle de la Vallière, cette petite. — Le roi est enivré des plus doux souvenirs. Votre cause est gagnée. »

Quoique madame de Maintenon eut prononcé ces mots d’une voix très basse, le Roi parut pourtant les avoir entendus. Une soudaine rougeur colora son visage, son regard effleura, pour ainsi dire, madame de Maintenon ; il lut la supplique que Madelon lui avait remise, puis il dit avec douceur et bienveillance : « Je crois bien volontiers que tu es convaincue de l’innocence de ton bien-aimé, ma chère enfant ! Mais nous verrons ce que décidera la chambre ardente ! » — Là-dessus, d’un mouvement débonnaire de la main, il congédia la petite, qui sortit noyée dans les larmes.

Mademoiselle de Scudéry s’était aperçue avec effroi que le souvenir de mademoiselle de la Vallière, quelqu’attendrissement qu’il eût paru produire d’abord