Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/172

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voulait se jeter aux pieds du Roi. Celui-ci s’y opposa en s’écriant : « Allez, allez, mademoiselle, vous devriez être avocat au parlement, et y défendre mes causes ; car, par saint Denis ! personne sur la terre no saurait résister à votre éloquence. — Toutefois, ajouta-t-il d’un air plus sérieux, la protection de la vertu elle-même ne met pas toujours à l’abri d’une injuste accusation devant la chambre ardente, ni devant aucun tribunal du monde ! »

Mademoiselle de Scudéry retrouva alors des mots pour exprimer avec effusion sa vive reconnaissance. Le Roi l’interrompit en lui disant que chez elle l’attendaient elle-même des remerciments bien plus grands que ceux qu’elle croyait lui devoir, puisque déjà, sans doute, l’heureux Olivier était dans les bras de sa chère Madelon. « Bontems vous remettra mille louis, dit le Roi en finissant, donnez-les, en mon nom, à la petite pour dot. Qu’elle épouse son Brusson, qui ne mérite nullement un tel bonheur ; mais qu’aussitôt après, ils s’éloignent de Paris tous les deux. Je le veux ainsi. »


La Martinière et Baptiste derrière elle coururent avec empressement au-devant de mademoiselle de Scudéry, tous deux dans la jubilation, dans l’ivresse de la joie, et s’écriant à l’envi : « Il est ici, il est libre ! — Ô les chers enfants ! » Le couple heureux se précipita aux genoux de mademoiselle de Scudéry. « Oh ! j’en avais l’intime confiance que vous, vous seule, vous sauveriez mon Olivier, mon époux ! disait Madelon ; et Olivier s’écriait : Ah ! ma mère,