Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/173

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mon espoir en vous était inébranlable. » Et tous deux couvraient les mains de la digne demoiselle d’ardents baisers et de larmes brûlantes. Puis ils se jetèrent de nouveau dans les bras l’un de l’autre, en jurant que la félicité suprême de ce seul moment effaçait toutes les souffrances inouïes du passé, et en faisant le serment de rester unis jusqu’à la mort.

Peu de jours après, ils reçurent la bénédiction nuptiale. — Quand même ce n’eût pas été la volonté du Roi, Brusson n’aurait pas pu demeurer à Paris, où tout lui rappelait le souvenir épouvantable des crimes de Cardillac, et où d’ailleurs une circonstance imprévue pouvait rendre public le terrible secret, qui était maintenant dans les mains d’un plus grand nombre de personnes, et dont la révélation lui aurait ravi pour toujours la paix de son existence. Accompagné des bénédictions de mademoiselle de Scudéry, il partit, immédiatement après son mariage, pour Genève avec sa jeune femme. Mis dans l’aisance par la dot de Madelon, et grâce à son habileté dans son art et à ses qualités d’honnête homme, il jouit enfin d’une condition heureuse et exempte de soucis ; et pour lui se réalisa le bonheur dont la vaine espérance avait déçu son malheureux père jusqu’au terme de sa vie.


Une année s’était écoulée depuis le départ de Brusson, lorsqu’on fit publier en France un avis, signé par Harlay de Champvallon, archevêque de Paris, et par Pierre-Arnaud d’Andilly, avocat au parlement,