Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/194

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dans une maison inconnue, où elle resta long-temps, jusqu’à l’arrivée d’une dame qui l’emmena en carrosse avec elle : c’était sa mère, qui, peu de temps après, se rendit dans la capitale, accompagnée d’Aurélia.

Aurélia avait environ seize ans, lorsqu’un jour un homme vint voir la baronne, qui l’accueillit avec joie et familièrement, comme un ancien ami. Ses visites devinrent de plus en plus fréquentes, et bientôt un changement des plus sensibles s’opéra dans le train de vie de la baronne. Au lieu de l’humble mansarde qui lui servait d’asile, au lieu de ses vêtements misérables et d’une nourriture malsaine, elle alla occuper un joli logement dans le plus beau quartier de la ville, elle acheta des habits magnifiques, eut une table supérieurement servie, qu’elle partageait avec l’étranger devenu son commensal de tous les jours, et prit part enfin à tous les plaisirs publics dont jouissait la capitale.

Toutefois cette amélioration de fortune de sa mère, ce bien-être, qu’elle devait visiblement à l’étranger, n’apportèrent à Aurélia aucun avantage: elle restait aussi chétivement vêtue qu’auparavant, et tristement reléguée dans sa chambre, quand la baronne courait avec son cavalier où le plaisir l’appelait.

L’étranger, quoiqu’il touchât presque à la quarantaine, avait conservé une certaine fraîcheur de jeunesse ; il était grand, bien pris dans sa taille, et sa figure pouvait passer pour une belle tête d’homme. Malgré tout cela, il déplaisait à Aurélia, à cause de