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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/197

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fracas, et elle entendit monter l’escalier d’un pas lourd et bruyant. La baronne, vêtue d’un jupon sale et déchiré, s’élança dans l’antichambre et se précipita aux genoux d’Aurélia.

Sa poitrine et ses bras étaient nus, ses cheveux gris flottaient en désordre autour de sa tête ; sur ses pas entra l’étranger armé d’un énorme bâton, et qui, la saisissant avec rage par les cheveux, se mit à la traîner sur le parquet et à la maltraiter cruellement, en s’écriant d’une voix perçante : « Attends ! attends, infâme sorcière ! monstre infernal ! je vais te servir un digne repas de noces. » La baronne terrifiée jeta un cri déchirant, et Aurélia, à peine maîtresse de ses sens, s’élança vers une croisée ouverte en criant au secours !

Justement une patrouille armée passait dans la rue, et elle força aussitôt l’entrée de la maison. « Saisissez-le, cria la baronne aux soldats dans des convulsions de rage et de douleur, tenez-le ferme ! Regardez à son dos : c’est… » La baronne n’eut pas plutôt prononcé le nom, que le sergent de police, qui commandait la patrouille, dit avec un transport de joie : « Hoho ! nous te tenons donc à la fin ? Urian ! » En même temps les autres maintenaient vigoureusement l’étranger, et, en dépit de sa résistance énergique, ils l’emmenèrent avec eux.

Malgré tout ce qui venait de se passer, la baronne avait parfaitement deviné le projet d’Aurélia. Cependant elle se borna à la prendre par le bras d’une manière assez rude, et à la faire rentrer dans sa chambre, où elle l’enferma sans lui adresser la moindre