Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/199

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une charrette et sous bonne escorte. Mais elle tomba en arriére sur un fauteuil, et presque inanimée, quand cet homme odieux jeta en passant, sur elle, un regard des plus farouches, et de son poing fermé parut lui adresser un geste menaçant.

La baronne continuait à faire des absences assez longues, et laissait toujours seule à la maison Aurélia, qui menait ainsi une vie triste et pénible, en proie à mille inquiétudes et dans l’appréhension de quelque événement funeste, impossible à prévenir.

La femme de chambre, qui d’ailleurs n’était entrée dans la maison que depuis la nuit fatale, et qui ne parlait sans doute que sur ouï-dire, avait confirmé à Aurélia l’intimité des relations de sa mère avec l’étranger, ajoutant que, dans toute la ville, on plaignait vivement la baronne d’avoir été abusée d’une manière aussi indigne et par un scélérat si infâme. Aurélia ne savait que trop bien que les choses s’étaient passées tout différemment. Elle ne pouvait admettre d’ailleurs que les gardes de police au moins, qui avaient opéré l’arrestation, ne sussent pas à quoi s’en tenir sur les rapports qu’avait eus le fils du bourreau avec la baronne, quand celle-ci l’avait désigné par son véritable nom, et leur avait révélé la secrète marque d’infamie qui devait constater son identité.

Il n’était donc pas extraordinaire que la femme de chambre fit allusion quelquefois, d’une manière détournée, aux propos équivoques qui circulaient à ce sujet. On prétendait même que la cour de justice