Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/204

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toute l’habileté de la science, et que le docteur s’éloignait pour ne pas rester davantage spectateur inutile d’une maladie énigmatique et indéfinissable, qu’il n’avait même pas la faculté de combattre.

On peut imaginer de quels embarras et de quels soucis le comte devait être accablé. Mais tout cela n’était pas encore assez. Un matin, un vieux et fidèle serviteur d’Hypolite saisit un moment favorable pour l’entretenir en particulier, et il lui apprit que la comtesse, chaque nuit, sortait du château pour n’y rentrer qu’à la pointe du jour. Le comte resta confondu à cette nouvelle. Il se souvint aussitôt que, depuis un certain temps, en effet, à l’heure de minuit, il était surpris par un sommeil accablant, ce qu’il attribua alors à quelque narcotique que lui faisait prendre Aurélia pour pouvoir quitter, sans être aperçue, la chambre à coucher qu’elle partageait avec le comte, contrairement à l’usage reçu parmi les personnes d’un certain rang.

Les plus noirs pressentiments vinrent assiéger Hypolite. Il pensa au caractère diabolique de la mère d’Aurélia qui commençait peut-être à se révéler maintenant dans la fille; il pensa à de coupables intrigues, à un commerce adultère, enfin au maudit fils du bourreau. Bref, la nuit prochain devait lui dévoiler le fatal mystère qui pouvait seul occasioner l’étrange dérangement de la comtesse.

Celle-ci avait l’habitude de préparer elle-même, tous les soirs, le thé pour son mari, et se retirait ensuite. Ce jour-là le comte s’abstint d’en boire pendant