Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/224

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s’écria brusquement mon grand-oncle, en se débarrassant de sa pelisse et s’approchant de la cheminée. — Oh ! cela m’est venu comme ça !… » répondit Franz, et il alla ouvrir une chambre voisine où tout avait été préparé en secret pour notre réception.

Bientôt une table fut complètement dressée devant la cheminée, et le vieux nous servit plusieurs mets très bien apprêtés, qui furent suivis, à notre vive satisfaction, d’un grand bol de punch préparé suivant la véritable recette des pays du Nord. Mon grand-oncle, fatigué du voyage, n’eut pas plus tôt fini de souper qu’il gagna son lit. Pour moi, la nouveauté de ma position, la singularité du lieu, et l’effet du punch avaient excité trop fortement mes esprits pour me permettre de songer au sommeil. Franz desservit la table, couvrit à demi le feu de la cheminée, et prit congé de moi avec de gracieuses salutations.

Alors je me trouvai seul assis dans cette vaste Salle des Chevaliers. La neige avait cessé de tomber, et l’orage était calmé. Le ciel était pur et la pleine lune, rayonnant à travers les larges arceaux, jetait une lueur magique dans tous les coins obscurs où se perdaient les pâles reflets du feu et de mes bougies. Tels qu’il s’en trouve encore aujourd’hui dans quelques vieux châteaux, les murs et le plafond de cette salle étaient bizarrement décorés à la manière gothique, les murs de lambris massifs et le plafond de ciselures dorées ou peintes, servant à encadrer des tableaux fantastiques. Sur ces tableaux, représentant