Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/225

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pour la plupart les scènes tumultueuses et sanglantes des chasses aux loups et aux ours, envoyait saillir des têtes d’hommes et d’animaux sculptées et adaptées aux corps peints, ce qui produisait, surtout aux lueurs tremblantes du feu et de la lune, une illusion étrange et effrayante.

Entre ces tableaux étaient intercalés des portraits de grandeur naturelle de cavaliers équipés pour la chasse, et qui représentaient, sans doute, des ancêtres de la famille grands amateurs de ce plaisir. Tout au reste, peintures et lambris, portait dans sa couleur rembrunie l’empreinte de la vétusté, ce qui faisait ressortir d’autant plus la place blanche et nue sur le mur où s’ouvraient les deux portes de communication avec les chambres voisines. Je ne tardai pas à reconnaître qu’il devait y avoir eu autrefois à cette place une porte, murée plus tard, et que ce pan de mur neuf ne choquait autant les yeux que par l’absence des ornements qui surchargeaient les autres parties ; car on n’y avait même pas appliqué une couche de peinture.

Qui n’a pas éprouvé l’impression profonde que peut causer l’aspect d’un lieu extraordinaire et romantique ? L’imagination même la plus lourde et la plus paresseuse s’exalte au milieu d’une vallée ceinte de montagnes pittoresques, ou dans le sombre intérieur d’une église, et ressent l’émotion de certains pressentiments inconnus. Ajoutez à cela que j’avais vingt ans, et que j’avais bu plusieurs verres d’un punch très fort : on concevra facilement que je fusse dominé dans ma Salle des Chevaliers par uue