Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/247

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— Elle posséde un piano ! s’écria mademoiselle Adelheid en l’interrompant. — Et certainement, reprit le vieux, on l’a fait venir directement de Dresde ; un… — Oh ! c’est délicieux ! dit à son tour la baronne. — Un superbe instrument, reprit Franz, mais un tant soit peu faible : car l’organiste ayant essayé l’autre jour de jouer dessus l’air du cantique : Dans toutes mes actions, mon Dieu ! il a brisé toute la machine ; de sorte que…

— Oh ! mon Dieu ! s’écrièrent à la fois la baronne et mademoiselle Adelheid. — De sorte, continua le vieux, qu’il a fallu le faire transporter à grands frais jusqu’à R.... pour le faire réparer.

— Mais est-il de retour enfin ? demanda mademoiselle Adelheid avec impatience. — Sans contredit, ma gracieuse demoiselle, et madame l’intendante-économe sera très honorée… »

En ce moment passa le baron, qui se retourna d’un air de surprise vers notre groupe, et dit doucement en adressant à la baronne un sourire railleur : « Eh bien, Franz est donc toujours l’homme des bons conseils ? » La baronne baissa les yeux en rougissant, tandis que le vieux serviteur restait immobile la tête droite, les bras pendants et serrés contre le corps, dans une attitude militaire. Les vieilles tantes s’approchaient ballottées dans leurs robes bouffantes, et s’emparèrent de la baronne. Mademoiselle Adelheid les suivit.

J’étais resté à la même place comme enchanté, dans l’extase de me voir ainsi mis en relation directe