que possible en ces lieux cette musique qui impressionne les cœurs, le mien comme les autres. Apprenez que ma femme est affectée d’une névralgie qui doit à la longue lui interdire toutes les jouissances de la vie. Dans ce séjour mystérieux, elle est constamment sous l’influence de cette irritation fébrile qui ne se manifeste ailleurs qu’accidentellement, et qui souvent sert d’avant-coureur à de graves maladies. Vous me demanderez avec raison pourquoi je ne dispense pas cette femme si délicate de ces périlleux voyages et du spectacle tumultueux et désagréable de nos chasses aventureuses. Accusez-moi, si vous le voulez, de faiblesse : bref, il m’est absolument impossible de la laisser seule loin de moi ; je serais tourmenté de mille angoisses et incapable d’entreprendre quelque chose de sérieux ; car il est certain que les souvenirs de malheurs inouis et nombre d’images funestes viendraient m’assiéger jusqu’au milieu des bois et sur mon siège de justice. D’ailleurs j’ai dans l’idée que ce train de vie bruyant et sauvage doit produire sur cette organisation délicate l’effet d’un bain fortifiant et salutaire. — Sans doute ! le vent de la mer avec ses sifflements aigus à travers les pins, les sourds aboiements des dogues, et les fanfares sonores des âpres cors de chasse devraient triompher ici des molles et langoureuses mélodies du clavecin, dont aucun homme ne devrait savoir toucher ; mais vous avez tenu opiniâtrement à martyriser ma femme, jusqu’au risque de la tuer !… »
Le baron avait élevé le ton en prononçant ces