Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/29

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répète, dit le chevalier avec humeur, que je ne prête absolument rien sur mon gain.

— C’est vrai, dit Vertua, dont le visage pâlissait de plus en plus, dont le regard devenait de plus en plus morne, vous ne pouvez rien me prêter. — Non, je ne l’aurais pas fait non plus autrefois. — Mais donnez, accordez au mendiant une aumône…, prenez sur la richesse que la fortune aveugle vous a dispensée aujourd’hui, cent louis…

— Oh ! en vérité, repartit le chevalier, avec colère, vous vous entendez à tourmenter les gens, signor Vertua ! je vous dis que vous n’obtiendrez de moi ni cent, ni cinquante, ni vingt-cinq louis, — pas un seul ! il faudrait que je fusse fou pour vous accorder le moindre secours, afin que vous puissiez recommencer votre infâme métier, n’est-ce pas ? Le sort vous a abattu dans la poussière tel qu’un ver venimeux, et ce serait un crime que de vous relever. Allez, et restez ruiné comme vous le méritez. »

Le visage caché dans ses deux mains, le vieux Vertua tomba à terre. Le chevalier commanda à son domestique d’emporter la cassette dans sa voiture, puis il s’écria à haute voix : « Quand me remettrez-vous votre maison et vos effets, signor Vertua ! »

Alors Vertua se releva et d’un ton assuré : « Tout de suite, dit-il, à l’instant, chevalier, venez avec moi.

— C’est bien, reprit le chevalier, nous pouvons aller ensemble dans ma voiture jusqu’à votre maison,