Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/292

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habitude, dans une maison avec jardin, qu’il possédait dans le faubourg.

Un soir, le temps était serein et la température tiède, nous étions assis tous les deux sous un berceau de jasmins parfumés ; mon grand-oncle était plus gai que de coutume, et ce jour-là, sa propension naturelle à l’ironie et à la satire avait fait place à une humeur douce et pleine d’aménité. « Cousin, me dit-il, je ne sais comment cela se fait, mais aujourd’hui je me sens pénétré comme par une impression électrique, d’un bien-être tout particulier, et tel que je n’en ai ressenti depuis bien des années. Je crois que c’est le présage de ma fin prochaine. » Je tâchai de le dissuader de ce sombre pressentiment. « Laissons cela, cousin ! me dit-il, restons encore ici, je veux profiter de ces instants pour m’acquitter, avant de mourir, d’une dette que j’ai contractée envers toi. — Dis-moi, te souviens-tu de l’automne dernier passé à R....sitten ?… »

Cette question du vieillard me frappa comme un coup de foudre ; mais avant que je pusse lui répondre, il reprit : « Le ciel a voulu que tu y fusses amené avec des circonstances particulières, et que, malgré toi, tu fusses initié aux plus intimes secrets de la famille. Le temps est venu de t’en apprendre davantage. Nous avons parlé bien souvent de ces choses que l’on pressent, pour ainsi dire, bien plutôt qu’on ne les conçoit. La nature, comme on le dit communément, n’offre-t-elle pas, dans le cycle varié des saisons, le tableau symbolique de la vie humaine ? Mais moi j’interprète cet emblème d’une façon toute