Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/307

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question subséquente ; cependant la confidence du baron le tranquillisa en lui persuadant que l’ardeur excessive que témoignait le baron pour les richesses provenait moins d’un sentiment d’avarice que du désir de faire oublier sans doute à une personne tendrement chérie la patrie plus riante qu’elle était obligée d’abandonner pour lui. Toutefois il était bien naturel que le baron lui parût sinon décidément avare, du moins avide de biens au plus haut degré, puisque remuant l’or à pleines mains, et se délectant à faire sonner ces vieux frédérics d’or, il ne pouvait s’empêcher de dire avec des transports de mauvaise humeur : « Le vieux coquin nous a certainement dissimulé le plus riche trésor, mais au printemps prochain je ferai déblayer sous mes yeux les ruines de la tour. » Des architectes arrivèrent et délibérèrent longuement avec le baron sur les projets de construction les plus convenables à adopter. Le baron rejeta vingt plans l’un aprés l’autre ; aucun ne lui paraissait assez riche ni assez grandiose. À la fin, il entreprit d’en dessiner un lui-même, et cette occupation, qui lui mettait constamment sous les yeux l’image séduisante et positive du plus brillant avenir, lui inspira une humeur joyeuse poussée parfois jusqu’à l’extravagance, mais qui se communiquait à tout le monde autour de lui. Sa libéralité et sa magnifique manière de recevoir le disculpaient du reste de tout soupçon d’avarice.

Daniel lui-même paraissait maintenant avoir oublié complètement l’outrage qu’il avait reçu, et