Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/315

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cheval. — Avec l’argent ? lui demanda V.. — Vous avez raison, répartit Hubert, je vous comprends : un tel fardeau… Eh bien, vous me remettrez la somme en lettres de change sur Isaac Lazarus à K.... Cette nuit même je partirai pour cette ville. On me chasse d’ici : les sortilèges du vieux ont ensorcelé les hôtes de ce château !

— Parlez-vous de monsieur votre père ? » demanda V. d’un air sévère. Les lèvres d’Hubert se contractèrent, et il se tint fortement cramponné à un siége pour ne pas tomber à la renverse ; mais se remettant tout à coup de son trouble, il dit : « Ainsi, ce sera le dernier jour, monsieur le justicier ! » Et il sortit de la salle d’un pas mal affermi.

« Il a renoncé enfin à ses prétentions illusoires, et reconnait la nécessité de céder à ma ferme volonté. » Ainsi parlait le baron en écrivant les lettres de change tirées sur Isaac Lazarus à K.... Il sentit sa poitrine soulagée d’un pesant fardeau par le départ de ce frère, qu’il regardait comme son ennemi juré, et depuis longtemps il n’avait été aussi gai qu’il se montra ce soir-là à souper. Hubert s’était fait excuser, et son absence inspira à tout le monde une satisfaction véritable.

V. habitait une chambre un peu écartée dont les fenêtres donnaient sur la cour du château. Au milieu de la nuit, il se réveilla subitement, et il lui sembla qu’un gémissement lamentable et éloigné venait de frapper ses oreilles. Mais il eut beau prêter la plus grande attention, tout était calme et silencieux, et il fut obligé d’attribuer ce bruit étrange