Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

déclarait qu’il n’avait jamais possédé le majorat comme en étant le titulaire véritable, mais qu’il l’avait toujours géré au nom du fils unique de feu le baron Wolfgang de R***, qui s’appelait Roderich comme son grand-père ; que c’était ce Roderich à qui, par la mort de Wolfgang et par droit de succession, était échu le majorat ; enfin que l’on trouverait le compte exact et minutieux dressé par lui Hubert de toutes les recettes et dépenses, ainsi qu’un inventaire des biens de la succession, etc.

Wolfgang de R***, comme on l’apprit par le testament, s’était lié, durant son séjour à Genève, avec la noble demoiselle Julie de Saint-Val, et s’éprit pour elle d’une passion si violente, qu’il résolut d’unir son sort au sien. Elle était très pauvre, et sa famille appartenait à une bonne noblesse, mais non pas à la plus brillante. Or, cela seul devait lui ravir l’espoir d’obtenir le consentement du vieux Roderich, dont tous les efforts tendaient à ajouter le plus possible à l’éclat de sa maison. Cependant Wolfgang se hasarda à confier à son père son inclination, et il lui écrivit de Paris. Mais les prévisions naturelles furent réalisées. Le vieux baron déclara positivement qu’il avait déjà lui-même choisi la compagne du seigneur futur du majorat, et que jamais il ne pouvait être question d’aucune autre. Wolfgang alors, au lieu de se rendre en Angleterre, comme il le laissait croire, retourna à Genève sous le nom supposé de Born, et épousa Julie, qui, au bout d’un an, lui donna un fils, que la mort de son père avait rendu propriétaire du majorat.