Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/325

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Pour se justifier d’avoir gardé le silence sur toute cette affaire et d’avoir agi lui-même en qualité de seigneur du majorat, Hubert faisait valoir certaines conventions prises entre Wolfgang et lui, mais qui pourtant n’étaient guère de nature à légitimer sa conduite, et qui paraissaient évidemment n’être alléguées que pour la forme.

Tandis que le greffier, de sa voix monotone et nazillarde, proclamait la fatale vérité, Hubert, comme frappé de la foudre, le contemplait d’un œil hébété ; quand il eut fini, V. se leva, prit par la main le jeune homme qu’il avait amené avec lui, et, saluant tous les assistants, il dit : « Messieurs, j’ai l’honneur de vous présenter le baron Roderich de R***, le seigneur du majorat de R....sitten. »

Hubert tourna les yeux vers le jeune homme qui venait, d’une manière si inattendue, lui ravir le riche domaine, et le priver encore de la moitié de la fortune franche en Courlande ; l’œil étincelant, mais comprimant les transports de sa fureur, il étendit seulement le poing vers lui d’un geste menaçant, et se précipita hors de la salle sans proférer un seul mot.

Sur l’invitation des magistrats, le jeune Roderich tira de son habit les actes qui devaient constater l’identité de sa personne. C’était d’abord un extrait légalisé des registres de l’église où son père s’était marié, et qui attestait que tel jour le négociant Wolfgang Born, natif de K...., avait reçu la bénédiction nuptiale en présence des témoins désignés dans l’acte. Il produisit aussi son extrait de baptême (il