Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/331

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la porte principale du château, par laquelle V. se glissa adroitement sur ses pas. Daniel se dirigea vers l’écurie où ayant placé son flambeau de manière à éclairer parfaitement tout le local sans le moindre risque de mettre le feu, ce qui surprit étrangement le justicier, il décrocha une selle, et harnacha avec le plus grand soin un cheval qu’il avait détaché du râtelier, sanglant avec précision la ventrière et bouclant au juste-point les étriers. Quand il eut dégagé quelques poils de la crinière pris sous le fronteau, il s’empara de la bride, et caressant le cou de l’animal en claquant de la langue pour l’exciter, il le conduisit dans la cour. Là il resta quelques minutes dans la position d’un serviteur recevant des ordres, et, par ses inclinations de tête, semblait promettre de s’y conformer. Ensuite il ramena le cheval à l’écurie, le débrida, et le rattacha à sa mangeoire ; après quoi il reprit le flambeau, ferma l’écurie, rentra au château et retourna à la fin dans sa chambre, qu’il ferma en dedans au verrou.

Cette scène étrange avait produit l’impression la plus vive sur l’esprit du justicier, et le pressentiment d’un crime horrible lui apparaissait tel qu’un spectre infernal auquel il ne pouvait se dérober. Constamment préoccupé de la position critique de son jeune protégé, il s’imagina qu’il pourrait peut-être tirer parti en sa faveur de cet événement.

Le lendemain, sur le déclin du jour, Daniel vint dans sa chambre pour recevoir quelques instructions relatives à son service. Alors V. le prenant par les deux bras, et l’ayant forcé familièrement à s’asseoir