Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/335

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de connaissance, et obéissant comme un automate à toutes les impulsions étrangéres.

Cet état horrible dura près d’une heure, et il tomba ensuite dans une défaillance extrême, comparable à l’inertie du sommeil. Lorsqu’il revint à lui, il demanda à boire, et, ce besoin satisfait, il renvoya le domestique qui voulait veiller auprès de lui, et ferma solidement la porte de sa chambre, suivant son habitude.

V. avait en effet résolu de tenter sur Daniel l’épreuve dont il lui avait fait part. Cependant il était obligé de s’avouer à lui-même que l’intendant, instruit une fois, et peut-être par lui seulement, de son état de somnambulisme, ferait sans doute tous ses efforts pour se soustraire à une chance pareille, sans compter qu’un aveu même obtenu de la sorte n’était guère propre à fournir de graves arguments. Malgré cela, il se rendit avant minuit dans la grand’salle, espérant que Daniel, ainsi que le comporte cette maladie, serait entraîné malgré lui par la puissance magnétique.

Vers minuit, un grand bruit s’éleva dans la cour, et V. entendit distinctement briser un carreau. Il descendit, et en traversant un corridor, il se sentit suffoqué par une fumée nauséabonde qui s’échappait, comme il s’en aperçut bientôt, de la chambre ouverte de l’intendant. On en sortait à l’instant même Daniel inanimé et raide comme un cadavre, pour le transporter dans une autre chambre.

Le justicier apprit, par le récit des domestiques, qu’à minuit un homme de peine, réveillé par un