Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à la descente dans la vallée, les chevaux s’emportèrent tout d’un coup et sans qu’il fût possible de les contenir, en poussant des hennissements sauvages et épouvantables. « Le vieux ! le vieux nous poursuit ! » s’écria la baronne d’une voix perçante. Mais au même moment une violente secousse la jeta à une grande distance, et on la releva sans vie Elle n’est plus ! — Le baron est à jamais inconsolable, et son repos est l’insensibilité de la mort ! — Nous ne retournerons plus jamais à R....sitten, cousin ! »

Mon grand-oncle se tut ; et je le quittai le cœur déchiré. Le temps, qui guérit tout, pouvait seul affaiblir l’excès de ma douleur, à laquelle je crus d’abord devoir succomber.


Bien des années s’étaient écoulées. V. reposait depuis longtemps dans la tombe. J’avais quitté ma patrie. L’orage de la guerre, dont le souffle destructeur était alors déchainé sur toute l’Allemagne, m’avait chassé dans le Nord, et je revenais de Pétersbourg, en longeant les bords de la mer Baltique.

Je passais en voiture, par une sombre nuit d’été, non loin de la ville de K...., lorsque je remarquai devant moi, à une fort grande élévation, une lueur étoilée et brillante. À mesure que je m’approchais je reconnus à la flamme rouge et vacillante que ce que j’avais pris pour une étoile ne pouvait être qu’un