Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/350

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Daniel ! Daniel ! que fais-tu ici à cette heure ? » Mais Daniel, d’une voix féroce, lui dit : « Va le savoir là-bas, chien galeux ! » Et d’un violent coup de pied il précipita le malheureux Wolfgang dans l’abîme. —

Profondément ému de ces horribles révélations, le baron Roderich ne pouvait plus jouir d’aucun repos dans ce château où son père avait été lâchement assassiné. Il retourna dans ses domaines de Courlande, et venait seulement à R....sitten une fois par an, au retour de l’automne. Franz, le vieux garde-chasse, prétendait que Daniel, dont il avait soupçonné le crime, apparaissait encore très souvent dans la grand’salle, surtout aux époques de la pleine lune, et ses récits s’accordaient absolument avec la vision dont le justicier fut le témoin et le vainqueur. — C’était aussi par suite de la découverte de ces circonstances, qui déshonoraient la mémoire de son père, que le jeune Hubert s’était exilé de sa patrie.


Tel fut le récit exact que me fit mon grand-oncle. Ensuite il prit ma main ; et tandis que de grosses larmes tombaient de ses yeux, il me dit d’une voix attendrie : « Cousin ! — cousin ! — et elle aussi, cette femme charmante ! la destinée fatale qui plane sur le château seigneurial l’a frappée à son tour sans pitiè !… Deux jours après notre départ, le baron monta une partie de traîneau comme divertissement final. Lui-même conduisait celui de sa femme, mais