Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/37

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ma fille ! » s’écria Vertua.

Mais Angela se releva, avança vers le chevalier, lui lança un regard plein de fierté, et lui dit d’un ton calme et sévère : « Chevalier ! apprenez qu’il y a quelque chose au-dessus de l’or et de la fortune, d’intimes sentiments qui vous sont inconnus, mais qui soulagent notre âme de leur consolation suprême, et nous font repousser votre offre, votre faveur avec mépris ! — Gardez ces trésors, gages de la malédiction fatale qui pèse sur vous, sur le joueur réprouvé et sans cœur.

— Oui, s’écria le chevalier hors de lui avec des yeux hagards et un accent terrible, oui, réprouvé !… maudit ! je veux l’être et précipité dans le plus profond des enfers, si jamais cette main touche le bord d’une carte ! — Et si après cela vous me repoussez d’auprès de vous, Angela ! ce sera vous qui aurez causé ma perte inévitable. Oh ! si vous saviez...., si vous pouviez comprendre… Non, vous devez me traiter de fou. — Mais vous le verrez...., et vous me croirez quand je serai étendu à vos pieds, le cerveau fracassé. — Angela ! — il y va pour moi de la vie ou de la mort !… Adieu ! »

Et le chevalier se précipita hors de la chambre dans le plus affreux désespoir. Vertua avait lu dans son âme, il devinait le changement qui s’était opéré en lui, et cherchait à faire comprendre à Angela que certaines circonstances pouvaient lui imposer l’obligation d’accepter l’offre généreuse du chevalier. — Angela repoussa cette proposition avec horreur ; elle ne concevait pas que le chevalier pût jamais arriver