Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/38

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à obtenir autre chose que son mépris. Le destin, qui souvent prépare ses voies au fond des cœurs à leur insu, amena un résultat contraire à toutes les prévisions.

Il semblait an chevalier qu’il sortit d’un rêve effrayant ; il se voyait au bord de l’abîme infernal, et c’était en vain qu’il étendait les bras vers la figure céleste et rayonnante qui lui était apparue, non pour le sauver… Non, — pour lui rappeler l’arrêt de sa damnation !

À l’étonnement de tout Paris, la banque du chevalier de Ménars disparut tout à coup. On ne le vit plus lui-même, et de là les bruits les plus étranges et les plus dénués de fondement coururent sur son compte. Le chevalier fuyait toute société, son amour le remplissait d’un chagrin sombre et profond. C’est dans cet état qu’en se promenant dans les allées solitaires du parc de Malmaison, il se trouva soudain en face de Vertua et de sa fille.

Angela, à qui l’idée de voir le chevalier n’aurait inspiré que de l’horreur et du mépris, se sentit singulièrement émue à son aspect, tandis que celui-ci interdit, pâle comme un mort et dans une attitude de crainte respectueuse, osait à peine lever les yeux sur elle. Angela n’ignorait pas que, depuis la nuit fatale, le chevalier avait absolument renoncé au jeu, qu’il avait complètement changé de manière de vivre. Elle, elle seule avait opéré tout cela, elle avait sauvé le chevalier de sa perte : quelle chose pouvait flatter davantage sa vanité de femme ?…

Après que Vertua eut échangé avec le chevalier