Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/373

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diaboliques, en voulant voir, par exemple, quel effet produirait un de mes pieds adapté au milieu du dos, ou bien mon bras droit joint en prolongement à ma jambe gauche ?… »

Le baron et Ottmar interrompirent Franz par un bruyant éclat de rire ; la disposition à la mélancolie était dissipée, et le baron s’écria : « N’ai-je pas raison de dire que le vieux Franz est le véritable boute-en-train de notre petit cercle familier ? De quelle manière pathétique n’a-t-il pas entamé la discussion de notre thème pour conclure par une excellente plaisanterie humoristique, dont l’effet inattendu a été d’autant plus sublime. Il a réussi à faire disparaître notre sérieux solennel, et en un clin d’œil nous avons été ramenés, comme par une commotion subite, du monde imaginaire dans la vie positive, pleins de joie et de vivacité.

— Mais ne croyez pas, reprit le peintre, que j’aie débité là, comme un bouffon, des lazzis pour votre bon plaisir. Non ! ces rêves abominables m’ont bien réellement tourmenté, et il se peut même que je les aie provoqués moi-même involontairement.

— L’ami Franz, dit Ottmar, a quelques preuves en faveur de sa théorie sur la cause des rêves ; cependant sa démonstration, relative à l’enchaînement et aux conséquences de ses principes purement hypothétiques, n’est pas précisément merveilleuse. Du reste, il n’en est pas moins une manière plus noble de rêver ; et c’est de celle-là seule que l’homme profite dans ce sommeil vivifiant et bienheureux où son âme, rapprochée du principe absolu et essentiel, s’abreuve