Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/377

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et à cause desquelles, avouez-le, vous êtes un peu l’ennemi de mon cher Alban ? — La nature ne peut pas nous faire un crime de l’instinct de recherche, du désir de connaître qu’elle-même a mis en nous ; il semble bien plutôt qu’elle a disposé l’échelle par laquelle nous nous élevons vers les choses spirituelles d’autant plus facilement, que notre curiosité innée agit activement en nous.

— Et quand nous nous croyons arrivés à une grande hauteur, ajouta Bickert, zest ! nous dégringolons honteusement, et nous reconnaissons, au vertige qui nous a saisis, que l’air subtil des régions supérieures ne convient pas du tout à nos lourdes têtes.

— Je ne sais, en vérité, Franz, répliqua Ottmar, ce que je dois penser de toi depuis quelque temps, je dirais presque depuis l’arrivée d’Alban dans la maison. Autrefois tu étais disposé de toute ton âme, de tout ton cœur, à la conception du merveilleux. Tu méditais sur les formes bizarres et les taches colorées des ailes des papillons, sur les fleurs, les pierres ; tu…

— Halte ! s’écria le baron, peu s’en faut que nous ne retombions sur le même chapitre que tout à l’heure. Tout ce que tu déterres avec ton mystique Alban, cher Ottmar, dans les coins les plus cachés, je pourrais dire tout ce que vous extrayez de votre capharnaüm fantastique pour élever un édifice ingénieux, mais dépourvu de toute base solide, tout cela, je le mets au rang des rêves qui ne sont et ne seront jamais pour moi, suivant ma maxime, que de l’écume ; et il