Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/378

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en est de même des résultats vaporeux du travail intérieur de l’esprit que du gaz dégagé par les liquides, qui n’a ni consistance, ni saveur, ni durée. On peut les comparer aux minces copeaux, résidus du travail du tourneur, auxquels le hasard donne quelquefois une forme déterminée, sans qu’on ait jamais songé à y voir la perfection d’une œuvre exécutée par l’artiste. Au reste, le système de Bickert me parait si positif que je chercherai certainement à le pratiquer.

— Puisqu’il est dit que nous ne pouvons ce soir nous débarrasser des rêves, dit Ottmar, qu’il me soit permis de raconter un événement dont Alban m’a fait part dernièrement, et dont le récit ne troublera pas la joyeuse disposition d’esprit où nous sommes à présent. — Tu peux raconter, dit le baron, seulement à la condition que tu seras fidèle à cet engagement, et que Bickert, en outre, pourra librement émettre ses réflexions.

— Vous exprimez un vœu intime de mon âme, mon cher père, s’écria Maria ; car les récits d’Alban causent en général sinon une profonde terreur, du moins une telle tension d’esprit, que, malgré l’espèce de contentement qu’ils procurent, on éprouve après les avoir entendus un singulier épuisement. — Ma chère Maria sera contente de moi, répliqua Ottmar ; mais quant aux commentaires de Franz, je n’en veux pas, parce qu’il croira trouver dans cette histoire la confirmation de sa théorie des rêves. Et vous, mon bon père, vous vous convaincrez de la rigueur de vos préventions à l’égard de mon cher Alban et de la