Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/383

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de sa fille, et lui fit la cour avec cet excès d’ardeur qui caractérise sa nation. Il était doué en outre de tous les agréments qui captivent le cœur des femmes, de sorte qu’il éveilla en peu de jours dans le cœur de la jeune fille une passion telle, que le pauvre Théobald fut complètement oublié, et qu’elle ne vivait et ne respirait plus que pour l’officier italien. Mais il fut obligé de suivre l’armée : dès lors un trouble funeste s’empara de la pauvre jeune fille, qui, ayant sans cesse devant elle l’image de son bien-aimé, croyait le voir couvert de blessures dans d’horribles combats, renversé à terre et mourant son nom sur les lèvres, de telle sorte qu’un véritable dérangement de sa raison l’empêcha de reconnaître le malheureux Théobald, qui arrivait tout joyeux de l’espoir d’embrasser enfin son épouse chérie.

» Dès qu’Alban fut parvenu à rappeler Théobald à la vie, il lui confia le moyen infaillible qu’il avait conçu pour lui rendre le cœur de sa bien-aimée, et Théobald trouva le conseil d’Alban tellement conforme à sa conviction intime, qu’il ne douta pas un seul instant de son heureux succès. Il suivit donc aveuglément tout ce que son ami lui prescrivit dans son intérêt…

» Je sais, Bickert, dit Ottmar en s’interrompant, ce que tu voudrais bien dire ; je compatis à ta peine, et rien n’est plus amusant que le désespoir comique avec lequel tu saisis le verre de punch que t’offre Maria si gracieusement. Mais tais-toi, je t’en prie ! ton sourire aigre-doux est la meilleure des