Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/384

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réflexions, et vaut mieux que toutes les phrases que tu pourrais imaginer, qui ne feraient que gâter l’effet de mon récit. Ce que j’ai à vous dire, du reste, est si admirable et si touchant, que la contagion du plus puissant intérêt te gagnera toi-même malgré toi. Ainsi, fais attention ; et vous, mon bon père, vous verrez que je tiens rigoureusement ma parole. »

Le baron ne répondit que par un : hum ! hum ! significatif. Maria regardait Ottmar en face les yeux grandement ouverts, et sa charmante petite tête appuyée sur sa main, de sorte que ses blonds cheveux ondoyaient sur son bras en boucles abondantes.

Ottmar reprit : « Si les journées de la jeune fille étaient agitées et orageuses, ses nuits étaient tout à fait terribles. Toutes les apparitions funestes dont elle était tourmentée, prenaient un caractère plus décidé, plus effrayant. Elle appelait d’une voix déchirante son bien-aimé, et elle semblait, au milieu de mille sanglots étouffés, exhaler elle-même son âme auprès de son cadavre sanglant.

» À l’heure de la nuit où ces crises terribles étaient les plus intenses, Théobald se fit conduire près du lit de la jeune fille par sa mère. Là il s’asseyait, et dirigeait sa pensée sur elle avec toute l’énergie de la volonté, en la regardant d’un œil fixe et infatigable. Quand elle eut subi plusieurs fois cette épreuve, l’impression de ses rêves parut devenir plus faible, car le ton de voix passionné avec lequel elle prononçait auparavant le nom de l’officier, n’avait plus cette expression qui pénétrait au fond du cœur, et de