Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/403

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récréatives. Alors Ottmar prit aussi la parole, et il raconta comment un ami d’Alban, d’après ses conseils et sous sa surveillance, était parvenu à gagner l’ardent amour d’une jeune fille, en se tenant près d’elle à son insu, durant son sommeil, et en maîtrisant en sa propre faveur, par des moyens magnétiques, la direction de ses pensées. En outre, il arriva que mon père ainsi que notre vieil ami Bickert se déclarèrent, comme ils ne l’avaient jamais fait en ma présence, les adversaires décidés du magnétisme, et en quelque sorte les accusateurs d’Alban.

Tous les doutes, tous les soupçons que j’avais conçus contre lui furent réveillés au fond de mon âme. Je supposai de nouveau qu’il se servait de manœuvres mystérieuses et diaboliques pour me faire son esclave, et qu’il m’ordonnerait alors d’oublier absolument Hypolite pour être lui seul l’objet de mes pensées et de mes sentiments. Une émotion inconnue jusqu’alors me pénétra d’une anxiété mortelle. Je voyais Alban dans sa chambre, entouré d’instruments bizarres, de vilaines plantes, de pierres, de métaux rayonnants et d’animaux hideux, décrivant des cercles dans l’air avec des mouvements convulsifs. Son visage, ordinairement si calme et si grave, affreusement contracté m’offrait l’aspect d’un larve hideux, et dans l’orbe de ses yeux agrandis et d’un rouge ardent serpentaient avec une vitesse incroyable d’immondes basilics lisses et étincelants, tels que ceux que j’avais cru voir autrefois s’élancer de la corolle des lys.

Tout à coup il me sembla qu’un torrent glacial