Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/407

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secouer joyeusement dans l’espace les ailes rapides dont on se sent pourvu, et de s’élancer vers les régions supérieures, ce sont là, nous dit-on, autant de pièges de Satan contre lesquels ont bien soin de nous prémunir les pédants ascétiques. Nous devons, à les entendre, fermer les yeux comme des enfants crédules, pour éviter d’être aveuglés par les rayons éblouissants de la splendeur du Christ saint, qu’ils nous montrent partout dans la nature, déterminant la borne infranchissable à notre essor. Mais tout penchant qui propose un but supérieur à l’exercice de nos facultés mentales ne saurait être illicite ; il doit au contraire, étant inséparable de la nature humaine d’où il dérive, tendre à l’accomplissement des fins de notre existence, lequel implique nécessairement le développement le plus étendu et le plus parfait possible de nos facultés physiques et intellectuelles.

Je sais, mon cher Bramine (je ne puis vraiment te qualifier autrement d’après ta manière d’envisager la vie), qu’en voilà bien assez pour te provoquer à la controverse, puisque ta conduite est basée sur l’opinion opposée à celle que je viens seulement d’indiquer. Sois persuadé toutefois que j’estime ta vie contemplative et tes efforts pour pénétrer dans les mystères de la nature par une application d’esprit de plus en plus soutenue. Mais pourquoi, bornant timidement tes désirs à jouir, dans une extase inactive, de l’aspect merveilleux de cette clef de diamant étincelante, ne pas la saisir d’une main hardie et ferme, pour t’ouvrir le mystérieux domaine sur