Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Duvernet arrivait, quand elle entendait sa voix. — « Il est trop tard ! il est perdu pour moi : » ainsi murmurait le cœur d’Angela. — Elle eut pourtant le courage de lutter contre le sentiment pénible qui la désespérait, et l’énergie de sa volonté l’en rendit victorieuse.

Cependant il n’échappa point à la pénétration du chevalier qu’il était survenu quelque incident fâcheux ; mais il avait assez de délicatesse pour ne pas chercher à découvrir un secret qu’Angela croyait devoir lui cacher, et il se contenta, pour se soustraire à toute influence dangereuse, de presser la célébration de son mariage qu’il régla avec un tact infini, et les égards les plus scrupuleux pour la position et la mélancolie de sa jeune épouse, et Angela apprécia d’autant mieux la parfaite amabilité du chevalier.

Celui-ci ne cessa point de se conduire envers Angela avec cette sincérité d’estime et cette prévenance pour le moindre de ses désirs, qu’inspire l’amour le plus pur, de sorte que le souvenir de Duvernet s’effaça entièrement de son esprit. Le premier nuage qui vint troubler la sérénité et le calme dont ils jouissaient tous deux, ce fut la maladie et la mort du vieux Vertua.

Depuis la nuit où il avait perdu toute sa fortune à la banque du chevalier, Vertua n’avait plus touché une carte ; mais dans les derniers moments de sa vie, le jeu semblait absorber exclusivement toutes ses facultés. Pendant que le prêtre, qui était venu pour lui donner à son heure suprême les consolations de l’église,