Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/416

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L’orage était passé, et, resplendissant de feux pourprès, le soleil couchant perçait les sombres nuages qui, chassés vers l’horizon, se dissipaient en blanches vapeurs. Le vent du soir agitait ses ailes, et les flots de parfums exhalés des arbres, des herbes et des fleurs s’épanchaient dans l’air tiède et pur. À l’issue de la forêt, je vis étendu devant moi, au sein des près fleuris de la vallée, le village dont le postillon m’avait signale l’approche ; et le paysage était dominé par les tours gothiques du château, dont les croisées étincelaient aux rayons du soleil comme si des flammes allaient s’échapper de l’intérieur.

Un son de cloches et de chants d’église parvint à mes oreilles, et j’aperçus dans le lointain un cortège lugubre qui s’avançait sur la route du château au cimetière. Lorsque j’arrivai à cette place, les chants avaient cessé ; suivant l’usage du pays, on avait découvert le cercueil déposé près de la fosse, et le pasteur prononçait un discours funèbre. Comme ils se préparaient à refermer la bière, je m’approchai et je regardai le mort : c’était un homme fort âgé, et, à son visage serein et nullement décomposé,