Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/60

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assistance. — Mais, dit La Martinière, pourquoi venez-vous réclamer l’assistance de ma maîtresse à cette heure indue ? Revenez demain dans un moment plus convenable. »

L’étranger répliqua vivement : « Le destin s’inquiète-t-il du moment et de l’heure quand il frappe ses coups désastreux, prompt et mortel comme la foudre ? le secours se peut-il différer, quand il ne reste qu’un seul instant propice au salut ? De grâce, ouvrez-moi donc : ne craignez rien d’un malheureux dépourvu de tout, abandonné de chacun, poursuivi, persécuté par une destinée affreuse, et qui vient recourir à votre maîtresse pour qu’elle le sauve du plus pressant danger ! »

La Martinière entendit l’étranger soupirer et gémir en disant ces mots ; d’ailleurs il avait le son de la voix d’un jeune homme, douce et pénétrant jusqu’au fond du cœur. Elle se sentit vivement émue, et, sans réfléchir davantage, elle alla chercher les clés.

À peine la porte fut-elle ouverte, que l’individu au manteau se précipita dans la maison impétueusement, et dit à La Martinière d’une voix farouche, en passant devant elle : « Conduisez-moi près de votre maîtresse ! » La Martinière effrayée souleva son flambeau dont la lumière éclaira un visage de jeune homme d’une pâleur mortelle et horriblement décomposé. Mais elle fut sur le point de défaillir de peur, quand l’individu ayant ouvert son manteau, elle vit la poignée d’un stylet luire à sa ceinture ; il lui lança en même temps un regard éclatant, et s’écria plus