Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/62

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mort ignominieuse vous attend à votre tour, vous finirez en place de Grève comme tous vos infâmes compagnons.

« Ah ! s’écria l’étranger, vous avez raison, dame Martinière ! ainsi armé, j’ai l’air d’un lâche voleur et d’un assassin, mais ceux dont vous parlez ne sont pas près de l’échafaud, ils n’en sont pas là !… » — Et en même temps il tira son stylet en lançant des regards enflammés sur la pauvre femme à demi morte de frayeur. « Jésus ! » s’écria-t-elle, s’attendant à recevoir le coup fatal. Mais au même moment un cliquetis d’armes et des pas de chevaux retentirent dans la rue. « La maréchaussée, — la maréchaussée ! au secours, au secours ! cria La Martinière. — Terrible femme, veux-tu donc me perdre ! — Tout est fini à présent, c’en est fait ! — Tiens, prends ! donne ceci à ta maîtresse, cette nuit même, demain si tu veux… » En murmurant ces mots à voix basse, le mystérieux personnage avait mis entre les mains de La Martinière, après lui avoir arraché son flambeau qu’il éteignit, une petite cassette. « Par ton salut éternel, remets cette cassette à ta maîtresse, » s’écria-t-il de nouveau, et il se précipita hors de la maison.

La Martinière était tombée à terre ; elle se releva avec peine et rentra à tâtons dans sa chambre, où, toute épuisée et incapable d’articuler un son, elle se jeta dans un fauteuil. Bientôt elle distingua le bruit des clés qu’elle avait laissées à la serrure de la porte d’entrée : l’on ferma cette porte, et elle entendit quelqu’un s’approcher à pas légers et incertains ;