Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/63

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mais, enchaînée à sa place comme par enchantement, et sans la force de se mouvoir, elle était résignée à un horrible dénoûment. Quelle fut sa surprise lorsque la porte s’ouvrit, et qu’à la lueur de sa lampe de nuit, elle reconnut tout d’abord l’honnête Baptiste, pâle, l’air effaré, et comme un mort.

« Au nom de tous les saints ! dit-il, dame Martinière, qu’est-il donc arrivé ? Ah ! quel tourment ! quelle inquiétude ! je ne sais à quel propos, mais cela m’a chassé loin de la noce, hier au soir, malgré moi. — Et me voilà dans notre rue. Dame Martinière, pensais-je, a le sommeil léger, elle m’entendra bien si je frappe à la porte de la maison doucement et avec précaution, et viendra m’ouvrir : quand tout à coup une forte escouade vient à ma rencontre : des cavaliers, des fantassins armès jusqu’aux dents ; on m’arrête et l’on ne veut pas me laisser poursuivre mon chemin. Heureusement M. Desgrais, le lieutenant de maréchaussée, qui me connait bien, faisait partie de la troupe, et pendant qu’ils me promènent une lanterne sous le nez : Eh ! Baptiste ! dit-il, d’où viens-tu donc ainsi au milieu de la nuit ? Va, rentre tranquillement à la maison et garde-la bien. Il ne fait pas bon ici, et nous pensons cette nuit même faire une importante capture. — Vous ne sauriez croire, dame Martinière, combien je me sentis le cœur oppressé à ces paroles. Enfin, comme j’arrivais à notre porte, un homme enveloppé s’élance dehors, un stylet étincelant à la main, et me culbute au passage. — La maison ouverte, les clés à la serrure…, dites, qu’est-ce que tout cela signifie ? »