Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/78

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changer sa douceur en transes horribles, son ivresse en deuil inconsolable.

Malgré le côté sérieux du sujet, cette œuvre poétique n’était pas dépourvue d’images plaisantes et spirituelles, surtout dans la description des embarras et de l’anxiété des amoureux cheminant à la dérobée pour rendre visite à leurs maîtresses, et dans la peinture des tourments de la peur venant étouffer dans son germe la satisfaction des galants, et les douces espérances d’un rendez-vous. Si nous ajoutons que ce qui terminait le tout, par forme de conclusion, était un panégyrique ampoulé de Louis XIV, on concevra qu’il dut lire ces vers avec une certaine complaisance. Quand il eut fini, sans quitter le papier des yeux, et se retournant vivement vers madame de Maintenon, il relut encore une fois les vers à haute voix, et lui demanda ensuite, en souriant gracieusement, ce qu’elle pensait de la supplique des Amants confédérés.

La Maintenon, fidèle à son caractère de gravité empreint de dévotion, répondit que des actes illicites, tels que des intrigues secrètes, ne méritaient pas précisément une protection particulière, mais que, d’un autre côté, la répression d’indignes scélératesses rendait bien légitimes de sévères mesures. Le roi, mécontent de cette solution ambiguë, plia le papier et s’apprêtait à rejoindre le secrétaire d’état qui travaillait dans une chambre voisine, quand ses yeux rencontrèrent mademoiselle de Scudéry assise sur un tabouret non loin de madame de Maintenon.