Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/77

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d’un autre tribunal investi de pouvoirs plus étendus, pour rechercher et punir les auteurs de ces nouveaux crimes. Mais le roi, convaincu qu’il n’avait attribué déjà qu’une juridiction trop absolue à la chambre ardente, et sous la triste impression des exécutions horribles provoquées sans relâche par le sanguinaire La Reynie, rejeta positivement la proposition.

Alors on eut recours à un autre moyen pour influencer la détermination du roi en cette occasion. On lui fit remettre dans les appartements de madame de Maintenon, où il avait l’habitude de passer l’après-dinée et même de travailler avec ses ministres assez avant dans la nuit, une épitre en vers, au nom des Amants confédérés. Ceux-ci se plaignaient d’être réduits à risquer leur vie autant de fois que la galanterie leur inspirait de porter un riche cadeau à leurs maîtresses. Ils exposaient que, s’il y avait honneur et plaisir à répandre son sang pour sa belle dans un loyal cartel, c’était bien différent d’avoir affaire à des assassins, de la trahison desquels on ne pouvait se préserver ; que Louis, la brillante étoile polaire de la galanterie et de l’amour, daignât projeter un rayon de sa splendeur sur ces épaisses ténèbres, et en déceler ainsi le funeste mystère ; enfin que le héros divin, qui avait écrasé tous ses ennemis, tirât encore une fois son glaive étincelant et victorieux, et qu’à l’exemple d’Hercule domptant le serpent de Lernes, et de Thésée triomphant du Minotaure, il terrasserait bientôt le monstre effroyable suscité pour détruire les joies de l’amour, pour