Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/83

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du mystérieux envoi, mais à peine l’eut-elle lu rapidement que ses mains tremblantes le laissèrent échapper. Elle jeta un regard éloquent vers le ciel, et tomba à demi évanouie dans un fauteuil.

La Martinière, Baptiste accoururent saisis d’effroi. — « Oh ! s’écria-t-elle d’une voix presque étouffée par ses sanglots, oh ! quelle confusion ! quelle humiliation indigne ! Cela devait-il m’arriver à mon âge ? Ai-je donc commis quelque imprudente folie avec l’irréflexion aveugle de la jeunesse ? — Oh, mon Dieu ! voir quelques mots, prononcés par forme de plaisanterie, interprétés d’une manière aussi affreuse  ! — Sur cela seul, une malignité infâme peut-elle me souiller du crime d’un pacte infernal, moi, qui depuis l’enfance ai gardé à la vertu et à la piété une fidélité inviolable ? »

La demoiselle, tenant son mouchoir sur ses yeux, pleurait et gémissait avec force, et Baptiste et La Martinière, tout troublés et interdits, ne savaient comment assister leur bonne maîtresse dans son désespoir.

La Martinière avait ramassé le billet fatal. On y lisait :

Un amant qui craint les voleurs
   N’est point digne d’amour.

Très honorable dame ! votre esprit ingénieux nous a sauvés d’une funeste persécution, nous qui exerçons le droit du plus fort contre la faiblesse et