Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/98

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Il l’ouvrit alors avec impétuosité, jeta un billet sur les genoux de la demoiselle, et s’éloigna aussitôt, comme il était venu, distribuant et recevant bon nombre de coups de poing.

Au moment où cet homme s’était présenté à la portière de la voiture, La Martinière, placée à côté de mademoiselle de Scudéry, était tombée évanouie sur les coussins, en poussant un cri d’effroi. Ce fut en vain que mademoiselle de Scudéry appela le cocher et le secoua par le cordon ; celui-ci, comme animé par un malin esprit, fouettait de plus belle, et les chevaux, couvrant leurs mors d’écume, ruant et se cabrant, arrivèrent enfin au grand trot au bout du pont. Mademoiselle de Scudéry avait répandu son flacon d’eau de senteur sur sa camériste, qui ouvrit enfin les yeux, et revint à elle. Mais frémissante et une frayeur mortelle peinte sur ses traits renversés, elle put à peine dire à sa maîtresse, en se pressant convulsivement contre elle : « Ô Sainte-Vierge ! que voulait cet homme affreux ? Ah !… c’était lui, c’est lui qui vint apporter la cassette dans cette nuit terrible !… » Mademoiselle de Scudéry rassura la pauvre fille en lui représentant qu’il n’était rien arrivé de fâcheux, et qu’il fallait avant tout savoir le contenu du billet. Elle le déplia, et voici ce qu’elle lut :

Une fatalité, que vous auriez pu détourner, me précipite dans l’abîme ! — Je vous supplie, comme un enfant pénétré d’amour filial supplie sa mère pour ne point la quitter, de renvoyer chez maître Réné