Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



IV


PLUSIEURS mois s’étaient écoulés, lorsque mademoiselle de Scudéry vint à passer un jour par hasard sur le Pont-Neuf dans le carrosse à glaces de la duchesse de Montausier. Ces élégants carrosses à glaces étaient encore d’invention si récente que le peuple ne manquait pas de s’attrouper par curiosité sur leur passage. Dans cette circonstance, la foule oisive du Pont-Neuf entoura ainsi l’équipage de madame de Montausier, et ce fut au point d’en suspendre presque la marche. Tout à coup mademoiselle de Scudéry entendit des jurements et des imprécations et aperçut un homme se frayant un passage à travers les groupes les plus compacts à force de bourrades et de coups de poing. Quand il fut plus près de la voiture, elle distingua un jeune homme au visage pâle et chagrin, dont le regard perçant était dirigé sur elle, et qui ne cessa point de la regarder tout en s’escrimant vigoureusement de ses coudes et de ses mains pour s’approcher davantage jusqu’à ce qu’il eût atteint la portière du carrosse.