Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/292

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surtout, un bon plat, ou mieux encore des vins assortis de première qualité, leur ouvrent le paradis ; et oubliant tout le reste sans nul effort, ils se réconcilient avec la société, qui parfois les pique au vif, et pardonnent généreusement à l’âne de méconnaître dans ses hihan ! la loi de l’accord parfait, parce qu’au bout du compte il ne peut braire autrement en sa qualité d’âne. — Bref, les musiciens ne sentent pas le malin esprit, marchât-il même sur leurs talons.

MOI.

Mais, Berganza, pourquoi donc encore cette digression à l’improviste ?

BERGANZA.

C’est pour dire que ma dame était précisément en grande vénération auprès de tous les musiciens, et lorsqu’au bout de six semaines d’exercice continu, elle massacrait, sans respect pour la mesure et l’expression, une sonate ou un quintetto, ils ne manquaient pas de la combler des éloges les plus exagérés ; car les vins de sa cave, qu’elle recevait de première main, étaient exquis, et il était impossible de manger de meilleurs biftecks dans toute la ville que chez elle.

MOI.

Fi ! Jean Kreisler n’aurait pas fait cela.

BERGANZA.

Pourtant il le faisait. — Il n’y a là ni fausseté ni