Page:Hoffmann - Contes fantastiques, trad. Christian, 1861.djvu/10

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des contes ; un cercle de gens d’élite se forme autour de lui. Sa position paraissait stable et son avenir presque assuré, quand tout à coup les Français entrent dans Varsovie, et chassent le gouvernement prussien avec Hoffmann, Hitzig et compagnie. Le pauvre conseiller à la régence est malade de chagrin ; puis, à peine convalescent, et sans ressources, il se traîne jusqu’à Berlin, sollicite un emploi, et n’obtient que des refus. Par bonheur, il se souvient que la musique lui peut offrir quelques ressources ; son ami Hitzig parvient à le faire nommer chef d’orchestre du théâtre de Bamberg. Il part, la bourse légère, mais le cœur gros d’espérances ; il arrive : — mais, ô fatalité ! le directeur est parti avec la caisse ; la troupe, en désarroi, ne sait plus à quel saint se vouer. Pourtant il faut bien vivre et continuer les représentations sans orchestre, faute d’argent pour payer les musiciens. Hoffmann, au lieu de croquer des notes, se met à raboter des vers. On le joue, il réussit ; il gagne à peu près de quoi ne pas mourir de faim. Une fois lancé dans la voie littéraire, il envoie des articles à un journal de Leipzig ; on les insère, on le prie d’en donner à foison ; mais tout cela rapporte si peu !… Hoffmann allait de nouveau retourner aux expédients, lorsque survient à Bamberg un nouveau directeur de spectacle, Holbein, homme de probité, mais hardi novateur, et décidé à faire fortune ou à s’enterrer sous les planches. Hoffmann, sous ses auspices, devient machiniste, architecte en décors du théâtre de Bamberg. L’élan est rendu à la machine ; elle fonctionne, — les florins pleuvent dans la caisse, et les parties de plaisir affluent de toutes parts. Mais voilà qu’un caprice d’Holbein détruit ce château de cartes ; il part, et la misère revient faire sentinelle dans les coulisses du spectacle abandonné. Hoffmann, aux abois, vend son dernier habit pour attendre que l’ami Hitzig, sa seconde providence, lui fasse expédier le brevet de chef d’orchestre à Dresde. Or, à Dresde, les choses ne vont guère mieux qu’à son arrivée à Bamberg : mais, en revanche, il y retrouve son fidèle Hippel, et l’amitié lui fait oublier un moment ses infortunes.

Nous sommes en 1813 ; la guerre de Saxe est en feu ; Talma joue à Dresde les pièces françaises, et Hoffmann travaille à l’opéra d’Undine en même temps qu’il fait des caricatures pour le libraire Baumgærtner, et que le dénûment le gagne de proche en proche. En 1814 reparaît l’ami Hippel, qui a fait son chemin, et qui, fidèle aux liens du cœur, ne se donne pas un instant de relâche qu’il n’ait fait rappeler Hoffmann à Berlin, où il retrouve Hitzig, et reprend les fonctions de conseiller à la régence.

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