Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/134

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gnor, voici cinquante ducats que je vous prie d’accepter.

« Pasquale ! que fais-tu là ? » disait le Capuzzi de la salle à demi-voix.

Le docteur Graziano voulut toucher un mot du reçu et des intérêts ; mais signor Capuzzi déclara ne vouloir rien entendre, à ce sujet, avec un ami tel que le docteur.

« Pasquale ! tu es hors de bon sens, » murmura Capuzzi, dans la salle, d’un ton plus haut.

Le docteur Graziano quitta l’autre après force embrassades et protestations de reconnaissance. Alors Pasquarello s’approcha, fit révérences sur révérences, éleva signor Pasquale jusqu’aux nues, et conclut en présentant son gousset comme affecté de la même maladie que la bourse de Graziano, et en priant Capuzzi de le secourir au moyen du remède souverain ; celui-ci, riant et s’égayant de l’habileté de Pasquarello à profiter de sa bonne humeur, lui jeta quelques braves ducats.

« Pasquale ! tu es enragé, possédé du diable ! » s’écria encore plus haut le Capuzzi de la salle ; mais on lui imposa silence.

Pasquarello renchérit de plus belle sur l’éloge de Capuzzi et en vint à parler de l’air, composé par son maître, avec lequel, lui Pasquarello, espérait charmer tout le monde. Capuzzi l’acteur frappa alors sur l’épaule à Pasquarello, et, d’un regard malin, lui dit, — Il pouvait bien confier cela à son fidèle serviteur : — Qu’à proprement parler il n’entendait rien à l’art de la musique, et que l’air en question,