Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/136

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ces mots, que celui de la salle, hors de lui, exaspéré, rouge comme un coq, le visage contracté par la fureur et les poings convulsivement serrés, se dressa vis-à-vis de son Sosie et s’écria d’une voix tonnante : « Cela ne sera pas, entends-tu, méchant coquin de Pasquale ! quoi ! tu la livrerais à ce misérable gueux ?… la douce Marianna…, ta vie…, ton espérance…, ton tout ! — Ah ! va, va, fou ensorcelé, essaie de te présenter chez moi ; tiens, vois-tu, je t’éreinterai de coups, jusqu’au vif, et je te ferai bien oublier ton diner et ta noce. »

Mais Capuzzi le comédien, contrefaisant l’attitude et la fureur de celui d’en bas, riposta en criant encore plus haut : « Que tous les diables se logent dans ta carcasse, enragé Pasquale ! vieux fat amoureux, âne vêtu en arlequin avec des grelots de fou. Prends garde que je ne te coupe le sifflet pour mettre un terme à tous les méfaits honteux que tu voudrais endosser lâchement à l’honnête, au bon, au vénérable Pasquale Capuzzi. »

Et sans s’inquiéter des imprécations et des horribles jurements du véritable Capuzzi, son parodiste se mit à raconter, sur son compte, maints tours plus infâmes l’un que l’autre.

Enfin il lui cria : « Ose t’y frotter, vieux singe amoureux, essaie une fois seulement de troubler le bonheur de ces deux jeunes gens que le ciel a créés et assortis l’un pour l’autre !» — En même temps l’on vit s’avancer sur le théâtre Marianna et Antonio Scacciati dans les bras l’un de l’autre.

La rage rendit aux jambes du vieux tuteur plus de