Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/148

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éprouvés à Rome, mais la fâcheuse affaire même qui l’amenait à Florence.

Nos Académiciens étaient dans l’habitude de donner souvent après le repas, pour se divertir, de petites représentations théâtrales improvisées.

Ce soir-là donc le célèbre poète comique Filippo Appolloni proposa à tous ceux qui d’ordinaire y prenaient part de terminer la fête par un pareil divertissement.

Salvator s’éloigna aussitôt pour veiller aux préparatifs nécessaires. Au bout de fort peu de temps l’on vit au fond de la salle à manger, comme par enchantement, s’élever des arbres verts et se dessiner des bosquets fleuris. Enfin devant ce petit théâtre étaient disposées plusieurs banquettes pour les spectateurs.

« Saints du paradis ! s’écria Pasquale Capuzzi stupéfait. — Où suis-je ? c’est le théâtre de Nicolo Musso. »

Sans relever son exclamation, Evangelista Toricelli et Andrea Cavalcanti, tous deux hommes graves et d’un extérieur sévère et imposant, lui offrirent le bras, le conduisirent à un siége tout proche de la scène, et se placèrent à ses côtés.

Presqu’immédiatement Formica parut sur le théâtre, sous l’habit de Pasquarello.

« Infâme Formica ! » cria Pasquale en s’élançant de sa place vers le théâtre, le poing menaçant. Mais les regards sévères et coercitifs de ses deux voisins le rappelèrent au silence et à la modération.