Deux ans aprés, Les souffrances ou tribulations d’un directeur de théâtre vinrent mettre le sceau à sa réputation comme critique, et prouver jusqu’à quel point les leçons de sa propre expérience avaient mûri les fruits de son talent. Hoffmann avait composé cette œuvre piquante d’après ses souvenirs de Bamberg, et il s’en explique lui-même en ces termes : « Il y a environ douze ans, dit-il, que l’éditeur de ce livre éprouva un sort pareil à celui de M. Grunhelm dans le Monde renversé de Tieck. La force des choses lui ravit la place commode qu’il occupait au parterre, pour le transplanter dans l’orchestre au poste du directeur de musique. Là il put tout à son aise observer les mœurs singulières de ce petit monde qui vit et s’agite derrière la toile et les coulisses. C’est avec ses propres remarques, et à l’aide des bienveillantes communications d’un directeur de théâtre, dont il fit la connaissance dans l’Allemagne méridionale, qu’il a composé le dialogue en question. » Hoffmann y développe ses idées sur l’exécution dramatique, de même qu’il a empreint la nouvelle de Don Juan de ses sentiments les plus intimes sur l’art musical, et il y a fait entrer une appréciation, non moins judicieuse qu’enthousiaste, du théâtre de Shakespeare.
Pendant la maladie qui vint altérer de nouveau et grièvement sa constitution, au printemps de 1819, Hoffmann conçut et écrivit Le Petit Zacharie, une de ses compositions les plus bouffonnes ; ensuite, à son retour d’un voyage en Silésie, entrepris dans l’intérêt de sa santé, il fit paraître Les Frères Sérapion, et en 1820 Les Contemplations du chat Murr.