Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/22

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Le chat Murr est un acteur important des dernières phases de la vie d’Hoffmann ; c’était un compagnon, un ami chéri du conteur, et autant l’affection de ce dernier fut passionnée et sincère, autant est pittoresque cette histoire philosophique de l’animal bien-aimé, dont la perte l’accabla peu de temps après du coup le plus sensible. L’apparition de La Princesse Brambilla, l’année suivante, ajouta encore à la renommée d’Hoffmann, qui vit, en même temps, s’améliorer sa position sociale par sa nomination comme conseiller à la cour d’appel ; mais il lui restait peu de temps, hélas ! à jouir de son nouveau bien-être, et les derniers mois de son existence devaient en être aussi les plus pénibles. Hoffmann fut atteint de l’affreuse maladie connue sous le nom de tabes dorsalis. La consomption fit des progrès rapides sur ce tempérament nerveux et irritable. Néanmoins, aux souffrances aiguës qu’il eut à subir, Hoffmann opposa un courage et une résignation exemplaires ; il endura sans murmurer la terrible application du moxa sur l’épine dorsale, dernier expédient auquel recoururent les médecins pour raviver son corps presque entièrement paralysé. Mais rien ne pouvait plus prolonger une vie, dont il était cependant loin d’envisager lui-même le terme comme aussi prochain, et il mourut le 25 juin 1822, après avoir dicté, trois heures auparavant, quelques lignes d’un conte qui resta inachevé, et sans avoir cessé de travailler activement pendant tout le cours de sa maladie.