Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/27

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sent avoir dicté son opinion sur les œuvres d’Hoffmann. Anne Radcliffe fut en effet la créatrice, en quelque sorte, d’un genre comparable, sous plus d’un rapport, à celui qui a rendu le nom d’Hoffmann aussi populaire que le sien. Voici sommairement en quels termes Walter Scott défend la cause de sa compatriote, et justifie le mémorable suceés de ses romans.

« Mistress Radcliffe a un droit incontestable à prendre place parmi le petit nombre des écrivains que l’on distingue comme fondateurs d’une école. — Le luxe et la fécondité d’imagination forment le caractère spécial de ses ouvrages. Ils séduisent surtout par la terreur qu’ils excitent, tandis que des incidents variés tiennent sans cesse l’intérêt suspendu, et la curiosité éveillée. Le lecteur suit avec anxiété la baguette magique que l’auteur promène à son gré sur un monde de merveilles imaginaires. Quand même, aprés avoir fermé le dernier volume d’un de ces romans mystérieux, il remarque de sang-froid ou la défectuosité du plan qui l’a si vivement intéressé, ou l’invraisemblance de certains moyens surnaturels, l’impression première reste encore la plus forte, parce qu’elle est fondée sur le souvenir des émotions profondes du merveilleux, de la curiosité, de la crainte même qui ont agité son esprit dans le cours du récit. — Toutefois les critiques n’ont pas manqué à la brillante réputation d’Anne Radcliffe. On prétendit que l’enthousiasme qu’avaient excité ses ouvrages ne prouvait que le mauvais goût de l’époque, et on lui reprocha surtout d’avoir substitué, à la peinture vraie