Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/26

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rieux, de bouffon en démence, bon à enfermer dans un hospice ; non seulement lui reprocher l’absence complète du sentiment de moralité qui distingue à un si haut degré les nouvelles de Mademoiselle de Scudéry, de Maître Martin, d’Ignace Denner, etc., mais même lui dénier le caractère sacré de poète qui domine et colore, tel qu’un phare brillant, ses moindres compositions ; nous le demandons, n’est-ce pas en vérité, ou méconnaître volontairement la plus simple équité, ou témoigner du plus inconcevable aveuglement ? Il est évident que Walter Scott a écrit sa notice sous une influence hostile, due en partie à des traditions mensongères qu’il n’a pas pris la peine de vérifier ; mais lorsqu’à l’appui de son opinion sur le caractère frénétique et grotesque des écrits d’Hoffmann, il analyse tout entier le conte de L’Homme au sable, et arguë des horreurs absurdes qu’il prétend y signaler pour prononcer contre l’auteur une réprobation sans appel, au nom de la morale et du goût ; nous oserons dire avec franchise que Walter Scott n’a pas même compris le sens véritable du texte d’Hoffmann, et, en tout cas, la logique aurait fort à faire pour légitimer ses conclusions. Nous nous trouvons heureux, du reste, de pouvoir opposer au célèbre Écossais une réfutation péremptoire puisée dans ses propres écrits.

C’est à propos de mistress Anne Radcliffe, dont le nom, dit-il, ne doit être prononcé qu’avec le respect dû au génie, que Walter Scott exprime, comme on va le voir, au sujet de l’emploi du fantastique, des principes absolument contraires à ceux qui parais-