Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/341

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les rayons ont embrasé mon cœur et mon esprit, et ce n’est aussi que dans l’amour d’Olympie que je revis tout entier. Il doit aussi vous déplaire qu’elle ne possède pas, comme tant d’autres esprits plats, le radotage banal de vos plates conversations. Elle dit peu de mots, il est vrai ; mais ce peu de mots, tels que de vrais hiéroglyphes du langage intime de l’âme, déborde d’amour, et de l’intelligence suprême d’une vie spirituelle et contemplative des mystères de l’éternité. — Mais tout cela est hors de la portée de vos sens, et ce sont des paroles perdues… — Dieu te garde ! très-cher frère, dit Sigismond avec douceur et presqu’avec tristesse, mais j’ai peur que tu ne sois dans une mauvaise route. Tu peux toujours compter sur moi, dans le cas… Non, je ne veux rien dire de plus. » — Nathanael, par une inspiration subite, crut découvrir pourtant dans les paroles du froid et prosaïque Sigismond de bonnes et amicales intentions, et il secoua bien cordialement la main que lui offrit son camarade.

Nathanael avait complètement oublié qu’il y eût au monde une Clara qu’il avait aimée autrefois ; sa mère, Lothaire, tout avait disparu de son souvenir. Il ne vivait plus que pour Olympie : chaque jour il passait de longues heures auprès d’elle, déraisonnant sur son amour, sur le principe vivifiant de la sympathie, sur les affinités psychologiques électives, etc., toutes choses auxquelles Olympie prêtait la plus fervente attention. Nathanael extrayait du fin fond de tous ses tiroirs tout ce qu’il avait écrit ou composé autrefois, poèmes, fantaisies, nouvelles, rêveries,